Langues, langage, images
Enfants, parents, professionnels autour des albums
16 septembre 2016, Paris
Journée Nationale de Sensibilisation, avec le soutien de la
Journée complète
EN VIDEO ICI | ![]() |
Nous, êtres humains, sommes des êtres de langage. Nos besoins d’échanges, de rencontres, de récits, de liens… sont vitaux. Mais « nous parlons la langue de là où le hasard de la vie nous a fait naître » nous rappelle le psycholinguiste Evelio Cabrejo-Parra. Et la vie nous met parfois en relation avec une diversité de langues que nous allons croiser, apprendre, intégrer à notre histoire ou ignorer, rejeter, oublier…
Depuis sa création en 2004, l’Agence quand les livrent relient propose de réfléchir à la place et au rôle des rencontres avec les albums dans l’élaboration de la langue de chacun, y compris des bébés, rencontres dont nous mesurons chaque jour les nombreux effets. Cette réflexion, partagée avec ses adhérents, a innervé et inspiré différents travaux. Aujourd’hui, notre intention est d’amplifier notre recherche sur le langage, les langues, le plurilinguisme, de lui donner un nouveau souffle, une autre dimension en associant acteurs de terrain, artistes, universitaires et spécialistes de différents champs de recherche, sans oublier ni notre interrogation constante sur la lecture, ni ce que nous savons des albums et de leurs capacités à tisser des liens entre les générations.
Lire et parler une langue, plusieurs langues, lire des images et les silences… Une journée pour interroger ces notions, et nous donner à penser.
9h00 | Accueil du public |
9h30 | Introduction de la journéepar Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF, et Dominique Rateau, présidente de l’Agence quand les livres relient |
9h45 | « Parlimage »par Katy Couprie Le livre de jeunesse nous offre un champ riche et précieux pour explorer le langage de l’image imprimée, c’est entendu. Hormis son dialogue fécond avec le texte, l’image dans l’album parle d’elle-même, dans une langue souvent méconnue des lecteurs, surtout des grands. C’est à ce « Parler image » que Katy Couprie propose de s’exercer dans cette intervention, en s’appuyant sur ses différents ouvrages, tous patois confondus. Katy Couprie est diplômée de l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, et ancienne élève de l'École de l'Art Institute de Chicago. Enseignante en Image imprimée à l’ENSAD, peintre, graveur, auteure-illustratrice et photographe. Katy Couprie présente son travail à l’occasion d’expositions personnelles depuis 1996 et publie régulièrement des livres depuis 1991. |
11h00 | Homo narrans : le rôle de la narration dans l’émergence du langagepar Bernard Victorri La fonction narrative est une fonction essentielle du langage, qui utilise pleinement toute la complexité des langues. On défend ici l’hypothèse que c’est l’apparition de cette fonction chez les premiers Homo sapiens, à des fins de régulation sociale, qui aurait entraîné la complexification des moyens de communication que possédaient les hominidés qui nous ont précédés. Ainsi, ce serait dès l’origine de notre espèce que la narration a joué un rôle primordial dans l’établissement des sociétés humaines et l’organisation des relations sociales. Bernard Victorri aujourd’hui retraité, a été directeur de recherche CNRS en sciences du langage, spécialiste de modélisation en sémantique des langues. |
11h40 | Naître et grandir en situation migratoire : approche transculturellepar Hawa Camara Les enfants de migrants vivant en France aujourd’hui sont des enfants métisses. Ils grandissent à la croisée de plusieurs mondes : celui de la famille et celui du pays d’accueil. Ces enfants sont porteurs de tant de richesse mais fragiles dans la recherche de leur identité plurielle. En clinique transculturelle, c’est un travail de co-construction avec l’enfant et sa famille, qui nous permet de faire des liens entre les différents univers qui l’habitent. Travailler avec les éléments culturels notamment la langue (ou les langues) de l’enfant et de sa famille est au cœur de la prise en charge transculturelle. Hawa Camara est psychologue clinicienne, docteur en psychologie, chercheur, spécialiste de psychiatrie transculturelle, Maison de Solenn, MDA Cochin, AP-HP, Université Paris Descartes, CESP, Inserm 1178, Paris. |
12h20 | Reconnaître les langues et les cultures des familles pour vivre ensemblepar Marie Nicole Rubio Permettre à chaque enfant d’être reconnu tel qu’il est, accepter la diversité des langues, c’est un bon moyen pour avancer sur la reconnaissance de la langue familiale et l’estime de soi, l’apprentissage du français favorisé par les liens avec la langue familiale, la construction de liens avec les parents. L'ouverture pour tous à la diversité des langues et des visions du monde est un atout dont il faut indiscutablement se saisir. Psychologue clinicienne, Marie Nicole Rubio est depuis le début des années 90 engagée dans le secteur de la petite enfance. Dans le cadre de sa mission de coordination pour la petite enfance immigrée en Alsace, elle crée la revue Le Furet, puis, avec le réseau qui s’est constitué, l’association Le Furet, pour continuer à accompagner les professionnels dans une démarche réflexive : faire évoluer les pratiques d’accueil de la diversité. Elle est également co-fondatrice de la revue Enfants d’Europe et coordinatrice d’ouvrages collectifs. |
13h00 | Déjeuner |
14h15 | Tous les enfants sont plurilingues aujourd'huipar Christine Hélot La plupart des enfants qui fréquentent les crèches aujourd'hui sont en contact avec plusieurs langues/cultures soit dans leur famille, soit sur leur lieu de seconde socialisation, la crèche ou le jardin d'enfants. Comment prendre en compte toutes ces langues qui souvent font déjà partie du répertoire des jeunes enfants en situation d'acquisition du langage, comment soutenir leur bi/plurilinguisme émergent et transformer les structures de la petite enfance en des espaces d'hospitalité langagière et culturelle ? Quel que soit le statut des langues concernées, les recherches ont amplement montré les avantages du bilinguisme quand l'environnement social valorise les langues familiales et aide les enfants à se construire une identité harmonieuse. Accueillir les enfants avec et dans leurs langues est donc bien une question de justice sociale. Professeur des universités (anglais), Christine Hélot, sociolinguiste, enseigne depuis 1991 à l’Université de Strasbourg, département de Didactique des langues et de la formation des enseignants du primaire et du secondaire (ESPE Alsace), et dirige des recherches sur le bilinguisme en contextes familial et scolaire. Membre du laboratoire de recherche LILPA (Linguistique, langue, parole) UR 1339 de l’Université de Strasbourg et de la composante GEPE (Groupe d’ études sur le plurilinguisme européen), elle est aussi membre associée du laboratoire DySoLa (Dynamiques sociales et langagières) de l’Université de Rouen. Depuis janvier 2016, elle est chercheure invitée dans le programme ARC du Graduate Centre de l’Université de la ville de New York (CUNY). |
15h00 | « Comment on dit maman dans ta langue ? » Expérience d'un atelier parentalité multiculturel |
15h45 | Au pays de la traduction : retour sur un projet plurilingue avec une classe de CE2 dans une école parisiennepar Anna-Louise Milne Articulée autour d’exemples de production et de réflexion issus d’un atelier de traduction d’albums, cette communication se donnera pour objectif de montrer comment la traduction vers des langues maîtrisées partiellement et utilisées essentiellement dans un cadre familial, et en vacances, peut donner des résultats très concrets en termes de production, tout en favorisant le sentiment de possibilité de tous les participants. Changeant la donne en termes de dynamique de classe en allant chercher des compétences et des acquis souvent négligés, voire insoupçonnés, le projet dont il s’agira de tracer l’évolution s’est intéressé à comment la traduction fait appel également à la créativité. Entre reconnaissance et aventure, on ira explorer les contours du pays de la traduction. Anna-Louise Milne est directrice de recherches à l’Institut de l’Université de Londres à Paris (ULIP) où elle développe the Paris Centre for Migrant Writing and Expression. Après des études de philosophie et de littérature comparée à Oxford et à Columbia University, New York, elle a publié plusieurs ouvrages critiques sur le milieu des revues littéraires pendant l’entre-deux-guerres, les écrivains « expatriés » et « réfugiés » à Paris, et plus largement le choix de la capitale française comme lieu d’écriture et de publication. Progressivement à cette approche analytique et historique, elle a intégré une démarche pratique notamment sous forme de laboratoires de traduction et de production de textes avec des personnes récemment arrivées à Paris et en Europe. Actuellement, elle travaille dans et sur le nord-est parisien, au carrefour du monde. |
16h30 | « libounich nioniba libounichocho * » et les bébés prennent leur envol !par Yvanne Chenouf Joignant le geste à la parole, les bébés onomatopéisent, guiliguilisent, disent, redisent, varient, tentent, réussissent, échouent et finalement discourent. Dans certaines familles, quand ils n’obtiennent pas la sucette en français, ils la décrochent en arabe, parlant, lisant dans l’une ou l’autre langue selon le parent. Ailleurs, chaque langue s’entoure de frontières dangereusement franchissables : « mi koz pa kréol » se défend un enfant réunionnais dans son école maternelle. Le monolinguisme des espaces collectifs prend, selon la situation familiale, le sens d’un renforcement ou d’un redressement, quand la conquête d’une autre langue (l’écrit) devrait apparaître comme la possibilité de bâtir, dans une altérité vigilante, les bases d’un universalisme respectueux des identités et de l’intérêt commun. Institutrice rurale puis à la Villeneuve de Grenoble de 1969 à 1983, chercheur à l’Institut national de recherche pédagogique (INRP) de 1983 à 2002, Yvanne Chenouf est professeur animateur à la mission d’animation pédagogique de Seine-Saint-Denis. Spécialiste de la littérature jeunesse, elle est attachée depuis 1979 à l’AFL (Association française pour la lecture). |
17h30 | Fin de la journée |
lieu | Médiathèque Marguerite Duras115, rue de Bagnolet
|
Accès : métro ligne 3, station Porte de Bagnolet ou Gambetta / Tramway T3b, arrêt Porte de Bagnolet / Bus 76, arrêt Pyrénées-Bagnolet