Babil-Babel (II)
Langues de chevet et langues frontales
28 septembre 2018, Paris
Journée Nationale, avec le soutien de la
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EN VIDÉO ICI
Tarif adhérent : 15 €, non-adhérent : 30 €
Programme et bibliographie à télécharger
« …Réveillée en sursauprise, Bou panitrouilla en visant les zours et se carapata par la fenestrine. Elle traboula la forest à toute berzingue et retrouva illico presto sa casa où sa maïe et son païe l’attendrissaient avec impassiquiétude… »
Bou et les 3 zours, Elsa Valentin, Ilya Green, L’atelier du poisson soluble, avril 2008.
Dans quel monde un bébé d’aujourd’hui élabore-t-il sa langue, ses langues ? Dans quels contextes affectifs, politiques, culturels, économiques, sociaux ? De quelles langues chacun de nous est-il constitué ? De quels signes ? De quels silences, non-dits, mal-dits… ? De quelles images, de quels récits ? Comment rencontrons-nous depuis notre venue au monde les langues des autres ? Avec quels regards, quelles oreilles, quelles émotions, quelles sensations, quelles projections ? Et avant notre naissance, que s’est-il passé ?
Au cours de cette journée, Philippe Blanchet, Joël Clerget, Maya Gratier, Amandine Didelot, Juliette Sissokho, Nathalie Saïdi, Eric Tellitocci, Claire Mestre, Elsa Valentin, Yvanne Chenouf, Kaoutar Harchi, riches de leurs langues, nous aideront à penser, dire, rêver, créer…
L’Agence quand les livres relient réunit des personnes, associations, institutions qui pour bon nombre d’entre eux — et certains depuis 30 ans — vont à la rencontre de tout-petits de moins de trois ans et de leurs parents, de grands enfants, d’adultes jeunes ou très âgés, avec des albums. Des albums, choisis, aimés, lus et relus… Des albums dans lesquels les lecteurs trouvent de quoi nourrir leurs pensées, leur imaginaire, leurs désirs de vie, leurs langues…
Le séminaire Babil-Babel — proposé et organisé par l’Agence quand les livres relient grâce au soutien et à l’engagement de la Fondation SNCF — est un espace multiforme, interdisciplinaire et itinérant pour penser langage, langues, plurilinguisme, parole… L’association Mana, engagée dans les soins psychothérapeutiques et la prévention auprès des populations migrantes, et l’association Le Furet - petite enfance & diversités sont des partenaires fondatrices de ce séminaire. Un comité de pilotage constitué de chercheurs, cliniciens, artistes, acteurs de terrains de différents horizons, accompagne la réflexion, les orientations, les actions…
Babil-Babel (II), Langues de chevet et langues frontales, une journée pour penser ensemble et fêter la deuxième année du séminaire Babil-Babel !
8h30 | Accueil du public |
9h00 | Ouverture à 3 voixAvec Dominique Rateau, présidente de l'Agence quand les livres relient, Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF, Kaoutar Harchi, sociologue et grand témoin de cette journée. |
9h30 | Éducation plurilingue des enfants et Droits linguistiquesPar Philippe Blanchet La plupart des enfants grandissent plurilingues. Mais tous et toutes, loin de là, ne reçoivent pas une éducation plurilingue, notamment dans le cadre scolaire. Il est même plutôt fréquent que les ressources plurilingues des enfants soient conçues comme des « obstacles », évacuées voire rejetées, exploitées pour discriminer nombre d’enfants plurilingues. Pourtant les réussites transversales d’une éducation véritablement plurilingue sont bien établies. Quand on examine la question des discriminations linguistiques, on constate rapidement qu’elles sont très fréquentes, ordinaires, banales, dans la vie quotidienne de beaucoup de gens et de beaucoup de sociétés. Les systèmes scolaires jouent un rôle important dans la mise en place de ces discriminations. Le recours aux Droits linguistiques, bien établis mais généralement ignorés, permet de combattre cette glottophobie et d’œuvrer au développement d’éducations plurilingues inclusives. Philippe Blanchet est professeur de sciences du langage, spécialiste de sociolinguistique, communication plurilingue et interculturelle, didactique des langues à l’Université Rennes 2, membre du laboratoire PREFics. Il est également membre de la Ligue des droits de l’Homme et expert en éducation plurilingue pour divers organismes internationaux (ONU, UNESCO, OIF, AUF, Conseil de l’Europe). |
11h00 | La voix du natalPar Joël Clerget Un bébé élabore sa langue dès la vie intra-utérine dans une relation de la sensorialité et de la motilité. Ses mouvements dans le sein maternel sont les prémisses de sa voix à venir, dans une langue donnée, quand sont entendus, dans son cri de naissance, le geste corporel du parler comme la geste langagière de se dire. Joël Clerget est psychanalyste, sensible à l’art et à la dimension du contact. Il enseigne à Lyon, est praticien en haptonomie pré et postnatale et anime des séminaires de lecture de textes psychanalytiques : Freud, Lacan, Winnicott et Dolto, et de Henri Maldiney. Il propose aussi régulièrement des conférences et intervient dans des colloques ou des journées d’associations. Ses écrits visent à rendre compte de la pratique clinique, des réflexions qu'elle inspire et de l'enseignement qu'elle apporte. |
11h45 | Le désir d'appartenance précède-t-il la parole ? Recherches sur le bébé polyglottePar Maya Gratier Quelles sont les prémices communicatives de l'entrée dans la parole chez le bébé et de quelles manières les bébés se saisissent-ils des spécificités culturelles des environnements et milieux dans lesquels ils évoluent ? De nombreuses recherches montrent en effet que le bébé de moins d'un an reconnaît certaines caractéristiques de sa culture mais peu de chercheurs se sont intéressés à la possibilité que le bébé s'attache à plusieurs cultures simultanément. Par contre la capacité du bébé à investir plusieurs langues, même dans les premiers mois de la vie, est aujourd'hui bien connue. Lors de cette intervention, seront discutés les liens entre culture(s) d'appartenance, c'est-à-dire tout ce qui recouvre les façons de faire, de pratiquer et de valoriser, et langue(s) au cours du développement précoce. Maya Gratier est professeure de psychologie de développement à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense et membre du laboratoire Éthologie Cognition Développement (LECD). Elle est également responsable du Babylab Nanterre. |
12h30 | Déjeuner |
14h00 | Lire, conter, chanter dans toutes les languesTable ronde animée par Claire Mestre Expériences de collectage de berceuses, comptines, récits et autres contes en langues étrangères partagés avec les enfants et les parents, à la bibliothèque comme à la crèche, avec Éric Tellitocci, réalisateur, Amandine Didelot, bibliothécaire, Juliette Sissokho, éducatrice de jeunes enfants, et Nathalie Saïdi, éducatrice spécialisée.
Juliette Sissokho est éducatrice de jeunes enfants, formatrice, membre du conseil d'administration de Jeunes Lectures et diseuse de mots pour petits d'homme. Elle a travaillé 15 années dans une structure d'accueil parentale au sein d'un quartier politique de la ville où elle a impulsé de nombreux projets autour de la lecture à voix haute et où elle a découvert la magie de tricoter des liens entre les enfants, les livres, les adultes et les cultures. En 2011, Nathalie Saïdi s'aperçoit qu'être éducatrice spécialisée, c'est bien mais que son cœur l'entraîne à travailler auprès des tout-petits. Elle part donc à la découverte de la petite enfance au sein d'une structure d'accueil parentale où de nombreux possibles auront lieu ces 7 dernières années pour porter plus loin dans les familles et les pratiques et le sens de la lecture à voix haute. Musicienne et membre de l'association Jeunes Lectures, c'est surtout la mélodie des mots de ses lectures qu'elle transmet à tous les p'tits lutins qu'elle accompagne au quotidien. Éric Tellitocci réalise des films à caractère social, des films en milieu scolaire couplés à des interventions d’éducation à l’image. Divers films « de paroles » ont précédé Moi, je sais courir, documentaire relatant l’aventure d’une compagnie de théâtre entre Mali et France, avant que ne soient réalisées Les Berceuses, projet qu’il développe toujours et encore avec une quatrième saison en cours de construction et des projections qu’il anime sur l’ensemble du territoire et à l’étranger. Son intérêt pour les questions de migrations l'amène désormais, via les langues qui a contrario des humains circulent librement, vers de nouveaux territoires, bibliothèques et lieux de la petite enfance, dans lesquels il pose sa caméra. Chante-moi qui tu es et Sur le bout de ta langue témoignent de ces nouvelles explorations cinématographiques. Claire Mestre est psychiatre, psychothérapeute et anthropologue, responsable de la consultation de médecine transculturelle, Hôpital St-André (Bordeaux), co-rédactrice en chef de la revue L’Autre, cliniques, cultures et sociétés, directrice scientifique et médicale de l’association interculturelle Mana, et membre du comité Babil-Babel. |
15h15 | Quand les langues s'invitent et s'inventent dans les albums jeunessePar Elsa Valentin Les albums d'Elsa Valentin revisités sous trois angles. Le langage imaginaire : de Bou et les 3 zours à Zette et Zotte à l’uzine, pourquoi et comment réinventer la langue ? Enjeux poétiques et politiques. L’influence des langues étrangères : pourquoi cette porosité aux langues dans l'écriture ? Que peut apporter aux jeunes lecteurs de rencontrer des langues inconnues ou de retrouver des langues connues dans la littérature jeunesse ? Enfin, les comptines, les expressions et traditions orales : quelle place et quel sens ont-elles, de l’album La déjeunite de madame Mouche au livre audio 4 Contes d’Afrique de l’ouest ? Elsa Valentin, auteure, en duo avec Yvanne Chenouf, spécialiste de littérature jeunesse et membre du comité Babil-Babel. |
16h30 | Conclusion de la journée et mise en partagePar Kaoutar Harchi Kaoutar Harchi est docteure en sociologie, chercheure associée au CERLIS (Centre de recherche sur les liens sociaux) rattachée aux universités Paris Descartes et Sorbonne Nouvelle, ainsi qu’au CNRS. Elle est aussi chercheure post-doctorante au sein du Labex Création, Arts et Patrimoines (CAP), département de la recherche du musée du Quai Branly. Sa thèse de sociologie a porté sur les conditions et modalités de reconnaissance littéraire des écrivains étrangers de langue française, en France, à partir du cas algérien (1945-2015), et a été publiée sous le titre Je n'ai qu'une langue, ce n'est pas la mienne aux éditions Pauvert, 2016. Elle assure par ailleurs des enseignements de sociologie à Sciences Po Paris, Reims et conduit actuellement une enquête sur la lecture en prison. Elle est également membre du comité Babil-Babel. |
17h30 | Fin de la journée, suivie d'une séance de dédicaces. |
Une table de livres en lien avec les thématiques de la journée vous sera proposée
par la librairie Le Rideau rouge
42, rue de Torcy 75018 Paris
lieu | Auditorium de l'Auberge de jeunesse HI Y. Robert20, esplanade Nathalie Sarraute
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