Babil-Babel (IV)
Lire, traduire, interpréter
02 octobre 2020 — Paris
Journée nationale, en partenariat avec la |
Pour la quatrième année consécutive, et grâce au soutien renouvelé de la Fondation SNCF, l’Agence quand les livres relient propose une journée de rencontre et de réflexion dans le cadre du séminaire interdisciplinaire Babil-Babel. Ce séminaire veut interroger ce que parler et lire veulent dire afin de participer à l’élaboration d’une culture partagée, quelles que soient les origines sociales, culturelles et linguistiques des personnes. Parler ensemble, penser ensemble, vivre ensemble… dans un souci de culture et d’altérité.
Cette année 2020 n’est semblable à aucune autre. La pandémie et le confinement nous ont surpris. Nous avions ressenti le désir de travailler sur les notions de lire, traduire et interpréter il y a plusieurs mois déjà. Cette crise sanitaire liée à la covid-19 et les questions économiques, politiques, sociales, environnementales, humanitaires qu’elle permet de reposer au niveau mondial conforte ce choix.
Depuis plus de trente ans, nous partageons la lecture d'albums littéraires avec les moins de trois ans et leurs familles, mais aussi avec des enfants moins jeunes, des adolescents et des adultes de toutes origines. Jour après jour, petits et grands font du sens entre langues, textes et images. Nous tissons ensemble des mondes où hypothèses, questions, émotions, savoirs et horizons prennent le temps nécessaire en interprétant, au double sens du mot, leurs sources singulières. Finalement, ne sommes-nous pas tous, quelque peu, les auteurs et les traducteurs des livres avec ou sans images qui étayent nos destins ?
Qu’est ce donc que traduire ? Qu’est-ce donc que traduire un album ? Comment cette traduction très particulière prend-elle en compte les images, leurs articulations avec le texte... ou le langage des couleurs qui n'est pas universel ? Comment s'opèrent les choix entre ce qui est propre à la culture ambiante du livre-source et ce qui relève de celles d'un autre bassin linguistique, de classes d'âge et d'environnements sociaux différents ? S'il y a parfois perte lors d'une traduction, dans quelles conditions peut-il y avoir un gain ? Bref, la traduction fidèle d'un album ou d’un autre livre ne convoque-t-elle pas une part de création ?
Ce questionnement nous semble d'autant plus fécond qu'il vient éclairer l'expérience quotidienne de l’enfant mono, bi ou plurilingue qui passe constamment d’une langue à l’autre, d'un registre à l'autre, d'une grille symbolique de lecture du monde à une autre. Avec les pertes et les gains transculturels de l'enchevêtrement dynamique des codes langagiers et visuels.
Nous nous réjouissons de pouvoir aborder nombre de ces points ensemble lors de cette journée.
Avec les interventions de Valérie Zenatti, auteure et traductrice, Yvanne Chenouf, spécialiste de littérature jeunesse, Christian Bruel, formateur sur la littérature de jeunesse, éditeur, auteur et concepteur d'albums, Ofelia Garcia, professeure d’éducation urbaine et de littérature hispanique et luso-brésilienne au Graduate Center de la City University of New York, spécialiste des questions d'éducation bilingue et de translanguaging, Christine Hélot, sociolinguiste spécialiste des questions de bi/multilinguisme, professeur émérite des Universités (Strasbourg), Mathilde Chèvre, auteure-illustratrice, directrice des éditions Le port a jauni, Carole Chaix, illustratrice, Katy Feinstein, spécialiste en littérature de jeunesse et formatrice et de Marianne Eshet (Fondation SNCF), Dominique Rateau (Agence quand les livres relient) et Marie Nicole Rubio (Le Furet).
8h30 | Accueil du public |
9h00 | OuvertureAvec Dominique Rateau, présidente de l’Agence quand les livres relient, Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF, Marie Nicole Rubio, directrice de l’association Le Furet et Carole Chaix, dessinatrice. |
9h30 | Écrire, traduire, effleurer le mystèrePar Valérie Zenatti Née à Nice en 1970, Valérie Zenatti a émigré en Israël à l'âge de 13 ans et y passe son adolescence. De retour en France, elle étudie l'histoire, la langue et la littérature hébraïques. Valérie Zenatti se consacre depuis 2004 à l'écriture et à la traduction, après avoir été journaliste et professeure d’hébreu. Traductrice d’Aharon Appelfeld, grand romancier et poète israélien du XXème siècle, Valérie Zenatti est également auteure de romans et notamment de plusieurs livres destinés à la jeunesse dont Une bouteille dans la mer de Gaza, traduit en une quinzaine de langues. Par ailleurs scénariste, elle a adapté deux de ses romans au cinéma et vient d'achever l'écriture de la série « Possessions » qui sera diffusée sur Canal+ cet automne. Lors de cette journée, Valérie Zenatti nous parlera de son travail de traductrice, de son rapport aux langues et à l'écriture, sa rencontre avec l’œuvre et son auteur. |
10h30 | Premières lectures et élaboration de sens (I)Par Yvanne Chenouf Toute lecture est une traduction, cela dès la toute petite enfance. Il est fascinant, si on leur en laisse l’occasion, de voir les jeunes enfants s’orienter à leur manière dans le spectacle des signes et se raconter l’histoire qui éloignera une peur ou donnera sa chance à une belle aventure : ainsi, cette importance donnée à des images secondaires ou à des liens insolites pour un sens inédit. À partir de quelques albums nous rendrons compte de quelques-unes de ces lectures primitives aux envolées sauvages auxquelles nous avons eu la chance d’assister. Yvanne Chenouf est spécialiste de littérature jeunesse et membre du comité Babil-Babel. |
10h4511h00 | PauseTraduire un album, c’est interpréterPar Christian Bruel La traduction d'un album jeunesse contemporain convoque des compétences multiples : les inflexions conjointes du texte et des images, les jeux référentiels, l'entrelacs de l'explicite et du non-dit, tout conduit les traductions actuelles à une prise en compte globale de l'iconotexte jusque dans les subtilités de sa mise en espace, afin de rester plus fidèle à l'idée qu'au seul verbe d'origine. Parce qu'elle traduit aussi les images, cette approche tend vers l'interprétation, condition pour que des œuvres complexes (complexes et non pas compliquées) puissent exister hors de leur langue natale et permettre le partage d'un effort, source universelle d'émotions et de compétences : l'accès au sens. Christian Bruel est formateur dans le domaine de la littérature de jeunesse, éditeur, auteur et concepteur de nombreux albums. Il est membre du comité de pilotage Babil-Babel. |
12h15 | Conversation transatlantique et translangueAvec Ofelia Garcia et Christine Hélot Ofelia Garcia et Christine Hélot ont passé leur vie à étudier les phénomènes de bi/plurilinguisme en famille et à l'école et à observer les pratiques translangagières des locuteurs bi/plurilingues. Chacune dans leur contexte, elles ont dénoncé et analysé l'oppression linguistique des enfants migrants, puis repensé la formation des enseignants en terme de justice sociale. Au cœur de ces travaux sur la transformation de nos systèmes éducatifs, de nouvelles perspectives théoriques et empiriques basées sur une remise en question de la notion de langue ont permis de reconceptualiser le bi/plurilinguisme sur la base des pratiques des locuteurs. Ofelia Garcia est professeure d’éducation urbaine et de littérature hispanique et luso-brésilienne au Graduate Center de la City University of New York (CUNY). |
13h00 | Déjeuner |
14h00 | Premières lectures et élaboration de sens (II)Par Yvanne Chenouf |
14h15
15h30 | Ce que traduire veut dire ?Par Mathilde Chèvre « Traduire » sera le fil conducteur de notre rencontre : traduire, que l'on peut dire naqala en arabe, évoque ici les transports en commun, le voyage, le déplacement de soi. Traduire de la langue arabe à la langue française sans choisir d'autorité un sens de lecture qui serait l'endroit (ou l'envers), le bon (ou le mauvais) sens de lecture. Traduire des images en mots. Traduire le monde en poésie… Le cœur du projet éditorial du Port a jauni est la traduction, que nous envisagerons comme un tissage des cultures et des langues. Mathilde Chèvre est auteure-illustratrice, directrice des éditions Le port a jauni, éditeur d'albums et de poésie bilingues français-arabe. « Le dessin : ma deuxième langue » Rencontre avec Carole Chaix. Par Katy Feinstein Carole Chaix vit et travaille à Paris depuis presque 30 ans. Son travail mélange styles, traits et rencontres, allant des illustrations à sa table de travail au(x) terrain(s), sur le vif, à reculons dans les manifestations, histoire de témoigner. Elle partage sa réalité, additionne les kilomètres et les supports différents. Tout est permis ou presque quand elle rencontre le tout public : fresque participative géante à colorier, performance graphique, lecture ou reportage dessinés… Son trait est le résultat d’un quotidien de partage et d’émotions, de collectifs, de combat et de vie. Aujourd’hui le dessin est devenu sa deuxième langue. |
16h15
16h30 | Premières lectures et élaboration de sens (III)Par Yvanne Chenouf Kaléidoscope de lecturesPar Marie Nicole Rubio Psychologue clinicienne, Marie Nicole Rubio est directrice de l'association Le Furet depuis 1999. Fondatrice de la revue Le Furet, co-fondatrice et co éditrice de la revue Enfants d'Europe, elle est également l'auteure d'autres publications éditées aux éditions érès. Marie Nicole est également intervenante et formatrice en France et ailleurs et travaille au soutien à l'émergence et à l'accompagnement de projets et des équipes en Alsace. Depuis 2015, elle anime le réseau national des réseaux locaux de Lieux d’accueil enfants-parents
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Programme à télécharger en PDF (956 Ko)
Tarif adhérent : 15 €, non-adhérent : 30 €
Une table de livres en lien avec les thématiques de la journée vous sera proposée
par la librairie Le Rideau rouge
42, rue de Torcy 75018 Paris
lieu | Auditorium de l'Auberge de jeunesse HI Y. Robert20, esplanade Nathalie Sarraute
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